Page:Sand - La Coupe, Lupo Liverani, Garnier, Le Contrebandier, La Rêverie à Paris, 1876.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pleura tout le jour. Elle entendit au loin l’assemblée tumultueuse de ses compagnes qui continuaient à s’agiter sur les sommets du sanctuaire ; mais cela lui était indifférent. L’orgueil de sa caste immortelle ne parlait plus à son cœur, attendri par de saintes faiblesses. Elle reconnaissait qu’elle n’avait jamais aimé ses nobles sœurs et que le baiser d’un petit enfant lui avait été plus doux que toutes les gloires.

LXV

La nuit qui termina ce jour, unique dans la longue vie de Zilla, monta livide dans un ciel lourd et brouillé. La lune se leva derrière la brisure des roches désolées, et, bientôt voilée par les nuages, laissa tomber des lueurs sinistres et froides sur les flancs verdâtres du ravin. Zilla vit, au bord du lac morne et sans transparence, des feux épars et des groupes confus. Dans une vive auréole blanche, elle reconnut la reine assise au milieu des jeunes fées qui semblaient lui rendre un dernier hommage, car peu à peu elles s’éloignaient et la laissaient seule.