— Le pain et l’abri, n’est-ce pas assez ?
— Herr Christian, dit le danneman en fronçant le sourcil, tu es donc un paresseux ou un mauvais sujet, que tu ne songes pas à l’avenir ?
Christian vit qu’en montrant trop de désintéressement, il avait fait naître la méfiance.
— Connaissez-vous M. Goefle ? dit-il.
— L’avocat ? Oui, très-bien ; c’est moi qui lui ai vendu son cheval, un bon cheval, celui-là, et un brave homme, l’avocat !
— Eh bien, il vous répondra de moi. Aurez-vous confiance ?
— Oui, c’est convenu. Reprends ton argent.
— Et si je vous priais de me le garder ?
— C’est donc de l’argent volé ? s’écria le danneman redevenu méfiant.
Christian se mit à rire en s’avouant à lui-même qu’il était un diplomate très-maladroit.
— Croyez-moi, dit-il au danneman, je suis un homme simple et sincère. Je ne suis pas habitué à être cru sur parole ; ma figure paraît bonne à tout le monde. Si vous ne prenez pas mes trente dalers aujourd’hui, le major voudra vous les donner demain, et c’est ce qui me blesse.
— Le major ne me donnera rien, parce que je n’accepterai rien, répondit le danneman avec vi-