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y être ! Était-ce moi ou mon âme dans quelque existence antérieure ?… Mais, si c’est moi, qui donc est mon père ? Quel est cet homme que le danneman a failli tuer lorsque le soupçon n’était pas encore endormi par la superstition ? Pourquoi la sibylle… ma mère peut-être !… a-t-elle frissonné tout à l’heure en touchant mes doigts ? Elle était plongée dans une sorte de rêve, elle n’a pas regardé ma figure ; mais elle a dit que j’étais le baron !… Et tout à l’heure, quand j’ai demandé au danneman si l’enfant n’avait pas aux mains un signe particulier, sa colère et son chagrin ne prouvent-ils pas qu’il avait remarqué et compris ce signe héréditaire, peut-être plus apparent chez l’enfant qu’il ne l’est maintenant, chez l’homme ?

» D’ailleurs, quand même il l’eût observé aujourd’hui chez moi, son esprit était loin de faire un rapprochement. Il ne lui est pas venu à la pensée de chercher à me reconnaître. Il n’a vu en moi qu’un étranger curieux et railleur qui lui demandait le secret de sa famille, et ce secret, c’est sa honte ; il aime mieux en faire une légende, un conte de fées. On l’offense en doutant du merveilleux qu’il invoque ; on l’irrite en lui disant que l’enfant avait peut-être les doigts faits comme ceux du baron Olaüs. Il n’y a, dit-on, que la vérité qui offense : j’avais donc de-