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rence et un compliment de nouvelle année à leurs hôtes.

L’impatience que Christian éprouvait ordinairement à table quand il n’avait plus faim, s’était changée en une rêverie profonde. Ses compagnons étaient assez bruyants, bien qu’ils se fussent abstenus de vin et d’eau-de-vie dans la crainte de se laisser surprendre par l’ivresse au moment d’entrer en chasse. Le danneman, d’abord réservé et un peu fier, était devenu plus expansif, et paraissait avoir conçu pour son hôte étranger une sympathie particulière ; mais cet homme, qui connaissait tous les dialectes du Norrland et même le finnois et le russe d’Archangel, ne parlait le suédois, sa propre langue nationale, qu’avec peine. Christian, qui, avec sa curiosité et sa facilité habituelles, s’exerçait déjà à comprendre le dalécarlien, n’avait saisi que vaguement, et par la pantomime du narrateur, les récits intéressants de ses chasses et de ses voyages, provoqués et recueillis avidement par les autres convives.

Fatigué des efforts d’attention qu’il était obligé de faire et de la chaleur excessive qui régnait dans la chambre, Christian s’était éloigné du poêle et de la table. Il regardait par la fenêtre le sublime paysage que dominait le chalet, planté au bord d’une profonde gorge granitique, dont les flancs noirs, rayés