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Se trompait-il avec Larrson ? Henri (le futur Gustave III) avait en lui de puissantes séductions : l’instruction, l’éloquence, le courage, et certes, au début de sa carrière, l’amour du vrai et l’ambition de faire le bien ; mais il devait, comme Charles XII et tant d’autres, subir les entraînements de ses propres passions en lutte contre celle du bien public. Après avoir sauvé la Suède de l’oligarchie, il devait la ruiner par le faste aveugle et par les faux calculs d’une politique sans vertu : grand homme quand même à un moment donné de sa vie, celui où, sans répandre une goutte de sang, il parvint à affranchir son peuple de la tyrannie d’une caste fatalement entraînée par ses priviléges à rompre l’équilibre social.

Christian, d’après tout ce qu’il avait pu recueillir de la situation du pays et du caractère présumé du futur héritier de la couronne, partageait volontiers les illusions et les espérances du major ; néanmoins il était encore plus occupé pour le moment, non pas d’acheter la doublure d’un vêtement d’hiver, il n’y pouvait songer, mais de regarder les dépouilles d’animaux que le danneman tenait entassées dans son étroit magasin. C’était pour lui un cours d’histoire naturelle relativement à quelques espèces, et Larrson, qui était un chasseur émérite, lui expliquait