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du sombre abîme à l’entrée par où l’on apercevait un coin du ciel encadré de sorbiers et de lilas, lorsqu’il se trouva en présence d’un mineur qu’il avait déjà rencontré la veille dans sa circonscription, et qui n’appartenait point à la brigade dont il avait fait partie d’abord et qu’il dirigeait maintenant.

Cet homme n’était pas connu des compagnons de Christian. Noirci avec excès, soit par négligence, soit par affectation, et coiffé d’une guenille de chapeau pendant de tous les côtés autour de sa tête, il n’était pas aisé de se faire une idée de sa figure ; Christian n’avait pas cherché à la voir. Il pouvait être de ceux qu’on appelle les travailleurs honteux (comme on dit les pauvres honteux, pour exprimer précisément le contraire de la honte, qui est la fierté silencieuse). Il respecta donc l’air mystérieux de cet inconnu, et, après avoir donné le coup de sifflet d’usage pour avertir ceux qui manœuvraient la poulie, il se contenta de lui montrer une place à côté de lui dans le tonneau, supposant qu’il voulait remonter aussi ; mais l’inconnu sembla hésiter. Il mit ses mains sur le bord du tonneau, comme s’il eût voulu s’y élancer, puis il s’arrêta en ayant l’air de chercher quelque chose.

— Vous avez perdu un outil ? lui dit Christian, qui remarqua qu’il était assez gros et lourd et qu’il n’a-