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quant de sa chasse, de sa pêche, et d’un échange de denrées transportées à de grandes distances avec un courage et une résolution incroyables ; mais, facile, confiant et généreux, le jeune baron n’était pas né commerçant, et son incognito ne pouvait déguiser l’aristocratique libéralité de son caractère.

Et puis le chapitre des accidents fit souvent échouer ses plus sages prévisions, et, un jour, il fut réduit à réaliser le rêve d’héroïque désespérance dont il avait entretenu le major sur la montagne de Blaackdal, c’est-à-dire qu’il dut, comme Gustave Wasa, travailler dans les mines, et, comme à ce héros d’une épopée romanesque, il lui arriva d’être reconnu pour un ouvrier extraordinaire, moins au collet brodé de sa chemise qu’à l’autorité de sa parole et au feu de ses regards.

Christian était alors dans les mines de Roraas, dans les plus hautes montagnes de la Norvége, à dix lieues de la frontière suédoise. Il travaillait de ses mains, depuis huit jours, avec une adresse et une vigueur qui lui avaient mérité l’estime de ses compagnons, lorsqu’il reçut de M. Goefle une lettre qui lui disait :

« Tout est perdu. J’ai vu le roi, c’est un homme charmant ; mais, hélas ! je lui ai fait savoir qui vous êtes : j’ai mis toutes nos preuves sous ses yeux ; je