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hélas ! a eu du moins un fils pour lui fermer les yeux.

— Agissez avec calme et prudence, répondit Stenson, ou bien vos droits seront méconnus. Vous ferez un jour votre volonté ; mais, à présent, laissez ignorer, même à vos meilleurs amis, même au digne M. Goefle, que votre mère était dissidente. Il plaidera avec plus de conviction qu’elle ne l’était pas, et vous-même, si vous êtes dissident, ne le faites point paraître, ou vous ne pourrez pas triompher de vos ennemis !

— Hélas ! dit Christian, la richesse vaut-elle les peines que je vais prendre, la dissimulation que l’on me recommande, et les indignations qu’il me faudra contenir ? Je n’avais rien, Stenson, pas même une obole en entrant ici, il y a trois jours ! J’avais le cœur léger, j’avais l’esprit libre ! Je ne haïssais personne, personne ne me haïssait, et à présent…

— À présent, vous serez moins libre et moins heureux, je le sais, répondit gravement le doux et austère vieillard ; mais beaucoup de gens qui ont souffert peuvent être consolés et soulagés par vous. Si vous songez à cela, vous aurez le courage de lutter.

— Bien dit, mon cher Stenson ! s’écria M. Goefle, qui venait de se lever et d’entendre les dernières paroles du pieux serviteur : quiconque accepte des de-