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fait n’est que trop certain. L’exercice de son culte n’étant point autorisé dans le pays de son mari, madame dut s’en cacher, dans la crainte d’attirer des persécutions sur lui.

Le pasteur Mickelson ne put jamais rien constater, l’autel ayant été apporté et posé dans cette cachette par des ouvriers italiens de passage, qui avaient exécuté d’autres travaux en marbre et en bois au château neuf. J’étais seul dans la confidence. Il y avait au château un vieux savant français qui était prêtre catholique à l’insu de tout le monde, et qui disait en secret la messe ici ; mais il était mort, et les ouvriers italiens étaient partis, à l’époque de la persécution de votre pauvre mère. Il faut que vous voyiez l’autel, monsieur le baron, et que, quelle que soit votre religion, vous le regardiez avec respect. Aidez-moi à faire jouer le ressort de la boiserie, qui est probablement bien rouillé.

— C’est-à-dire que vos pauvres bras sont enflés et brisés, dit Christian en portant à ses lèvres les mains torturées du vieillard.

— Ah ! ne me plaignez pas, dit Stenson, mes mains guériront ; je ne les sens pas, et ce que j’ai souffert est bien peu de chose au prix du bonheur que je goûte à présent !

Christian, dirigé par Stenson, ouvrit la boiserie et