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une pensée pour son héritage ; il voulait voir Stenson, et il exigeait que Johan le fît paraître sur l’heure ou le conduisît lui-même auprès du vieillard.

— Lâchez cet homme, lui dit le ministre ; vous l’étranglez, et il est hors d’état de vous répondre.

— Je ne l’étrangle pas du tout, répondit Christian, qui, en effet, avait grand soin de ne pas compromettre la vie de celui auquel il voulait arracher des révélations.

Cependant le rusé Johan avait fait son profit des bonnes intentions de M. Akerstrom. Ne voulant pas parler, il feignit de s’évanouir, et le ministre blâma Christian de sa brutalité, tandis que les valets, inquiets du sort qui leur était réservé si les redresseurs de torts commençaient leur office, se montrèrent beaucoup plus disposés à défendre Johan qu’à céder devant un inconnu.

Quand Johan se vit assez entouré et assez appuyé pour reprendre son audace, il recouvra lestement la parole, et s’écria d’une voix retentissante qui domina le tumulte de l’appartement :

— Monsieur le ministre, je vous dénonce un intrigant et un imposteur, qui, à l’aide d’un infernal roman, prétend se faire passer ici pour l’unique héritier de la baronnie ! Abandonnez-moi donc à sa vengeance, vous qui me haïssez, ajouta-t-il en s’a-