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grise avec ses rubans souillés et traînants. C’est la baronne Hilda, morte ou captive !

— C’est une personne vivante, reprit le major fort ému en relevant le voile ; mais ce n’est pas la baronne Hilda. C’est une femme que je connais. Approchez, Joë Bœtsoï. Entrez, Christian. Il n’y a rien ici de ce que vous imaginiez. Il n’y a que la pauvre Karine, évanouie ou endormie.

— Non, non, dit le danneman en s’approchant doucement de sa sœur, elle ne dort pas, elle n’est pas évanouie ; elle est en prières, et son esprit est dans le ciel. Ne la touchez pas, ne lui parlez pas avant qu’elle se relève.

— Mais comment est-elle entrée ici ? dit M. Goefle.

— Oh ! cela, répondit le danneman, c’est un don qu’elle a d’aller où elle veut et d’entrer, comme les oiseaux de nuit, dans les fentes des vieux murs. Elle passe, sans y songer, par des endroits où je l’ai quelquefois suivie en recommandant mon âme à Dieu. Aussi je ne m’inquiète plus quand je ne la vois point à la maison ; je sais qu’il y a en elle une vertu, et qu’elle ne peut pas tomber ; mais, voyez ! la voilà qui a fini de prier en elle-même : elle se lève, elle s’en va vers la porte. Elle prend ses clefs à sa ceinture. Ce sont des clefs qu’elle a toujours gardées comme