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qu’il s’agit de la vie de son semblable ! Mais occupez-vous donc de savoir si ces messieurs arrivent, car enfin je ne vois pas que le danger soit passé.

— Oui, oui, dit Christian, rassemblant ses idées, il y a du danger. J’y songe à présent que vous êtes ici. Mon Dieu ! pourquoi êtes-vous venue ?

Et le jeune homme, en proie à des sentiments contraires, était à la fois bien heureux qu’elle fût venue et bien tourmenté de la voir exposée à quelque scène fâcheuse. D’ailleurs, la présence de ces deux jeunes filles au Stollborg n’était-elle pas faite pour aggraver la situation sous un autre rapport ? Ne pouvait-elle pas précisément servir de prétexte à une invasion déclarée ? La comtesse Elvéda, toute mauvaise gardienne qu’elle était de sa nièce, pouvait bien s’apercevoir, ou s’être déjà aperçue de son absence, la faire chercher ou l’avoir fait suivre. Que savait-on ?

— Ce qu’il y a de certain, se disait Christian, c’est qu’il ne faut pas qu’elle soit vue ici.

Il pensa bien à la conduire avec sa compagne au gaard de Stenson, où personne n’aurait sans doute l’idée de la chercher ; mais la demeure de Stenson servait peut-être, en ce moment, de poste d’observation à l’ennemi… Au milieu de toutes ces perplexités, Christian, qui ne répondait qu’avec distraction