Page:Sand - L Homme de neige vol 3.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

rionnette, qui gisait la face contre terre. Jupiter ! c’est toi, mon pauvre petit Stentarello ! toi, mon favori, mon protégé, mon meilleur serviteur ! toi, le plus ancien de ma troupe, toi, perdu à Paris et retrouvé si miraculeusement dans les sentiers de la Bohême ! Non, c’est impossible, tu ne m’aurais pas fait de mal, tu te serais plutôt retourné contre les assassins. Tu vaux mieux que bon nombre de ces grandes marionnettes stupides et méchantes qui prétendent appartenir à l’espèce humaine, et dont le cœur est plus dur que la tête. Viens, mon pauvre petit ami, viens mettre une collerette blanche et recevoir un coup de brosse sur ton habit couvert de poussière. Toi, je jure de ne plus t’abandonner !… Tu voyageras avec moi, en cachette, pour ne pas faire rire les gens sérieux, et, quand tu t’ennuieras trop de ne plus voir les feux de la rampe, nous causerons tous les deux tête à tête ; je te confierai mes peines, ton joli sourire et tes yeux brillants me rappelleront les folies de mon passé… et les rêves d’amour éclos et envolés dans les sombres murs du Stollborg !

Un rire d’enfant fit retourner Christian : c’était M. Nils, qui était rentré sur la pointe du pied et qui sautait de joie en battant des mains à la vue de la marionnette animée et comme vivante dans les doigts agiles de Christian, qui s’exerçait avec elle.