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dans son état s’étant manifestée, on put arrêter le sang et remettre le malade dans son équipage, qui le ramena au pas jusqu’au château, tandis que Christian partait en avant avec le fils du danneman.

— Eh bien, lui dit le jeune garçon quand ils eurent dépassé l’équipage lugubre, qu’est-ce que je vous disais quand la chose est arrivée ? Qu’est-ce qu’elle avait dit la tante Karine ?

— Je n’ai pas bien compris la chanson, répondit Christian, absorbé dans ses pensées. Elle n’était pas gaie, ce me semble.

— « Il laisse son âme à la maison, repartit Olof, et, quand il viendra la reprendre, il ne la retrouvera plus. » N’est-ce pas bien clair cela, herr Christian ? Le iarl était malade. Il a voulu secouer le mal ; mais l’âme n’a pas voulu aller à la chasse, et peut-être bien qu’à présent elle est en route pour un vilain voyage !

— Vous haïssez le iarl ? dit Christian. Vous pensez que son âme est destinée à l’enfer ?

— Cela, Dieu le sait ! Quant à le haïr, je ne le hais pas plus que ne font tous les autres. Est-ce que vous l’aimez, vous ?

— Moi ? Je ne le connais pas, répondit Christian frémissant intérieurement de sentir cette haine en lui-même plus vive peut-être que chez tout autre.