— Eh bien, cela est très-flatteur pour moi, monsieur Goefle ; mais elle persiste donc à me prendre pour votre fils ?
— Sans aucun doute, et plus je protestais du contraire, plus elle riait en me disant qu’il ne m’était plus possible de vous désavouer, puisque vous aviez hautement pris mon nom pour vous présenter dans le monde. « Le vin est tiré, disait-elle, il faut le boire. C’est une mauvaise tête qui vous fera enrager ; c’est la juste punition des folies de jeunesse d’avoir des enfants terribles ! » Voyez un peu quelle tache vous avez faite à mes mœurs ! Enfin, pour me débarrasser de vous, j’ai dit que, fils ou neveu, vous étiez parti, chassé honteusement par moi pour avoir manqué de respect à M. le baron.
— Soit, monsieur Goefle : vous avez bien fait, vu que, quant au baron… je ne sais si je rêve, mais je commence à le croire aussi barbe-bleue que le peint la légende du pays.
— Ah ! ah ! vraiment ? Eh bien, contez-moi donc ça, mais en mangeant, car il est deux heures passées, et vous devez mourir de faim.
— Ma foi, non ! il me semble que je sors de table. N’avons-nous pas mangé jusqu’à midi ?
— Eh bien, ne savez-vous pas que, dans nos climats froids, il faut manger de deux heures en deux