Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

gantes de province qui ont la tête montée à votre endroit, et, quand j’ai donné ma parole d’honneur que cet inconnu ne m’était rien, il fallait entendre les suppositions, les commentaires ! Quelques-unes ont failli songer que ce pouvait bien être Christian Waldo, dont on raconte de si bons tours ; mais l’opinion a prévalu que vous étiez le prince royal voyageant incognito dans son futur royaume.

— Le prince Henri, qui est maintenant à Paris ?

— Lui-même, et cela servait merveilleusement à expliquer l’attaque de nerfs du baron, qui le déteste, et qui se serait ainsi trouvé aux prises avec sa haine, son ressentiment et le respect qu’il doit au futur héritier du trône.

— Mais la comtesse Elveda ne peut pas partager une si absurde erreur ?

— Non, certes : elle connaît trop le prince ; mais elle est fort moqueuse et s’est amusée de ces dames en prétendant que vous ressembliez tellement à notre futur monarque, qu’elle ne savait que penser. Seulement, comme je sortais, elle m’a pris à part pour me dire : « Vous êtes sévère, monsieur l’avocat, de désavouer ce jeune imprudent. Pour moi, je l’ai trouvé fort aimable ; et, s’il ne vous ressemble pas par le visage, du moins il tient de vous par l’esprit et la distinction des manières. »