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dans les galets, puisque, sur le lac et sur les talus du donjon, aussi loin et aussi haut que sa vue pouvait s’étendre, Christian n’avait vu personne. Il revint sur ses pas pour sortir de la grotte, qui était assez sombre, et qui ne s’éclairait, vers le milieu de son parcours, que par une ouverture naturelle, sous laquelle il s’arrêta un instant, pour regarder le ciel ; mais avec le ciel il vit un objet qui surplombait le rocher et qui faisait saillie sur le flanc lisse et nu du donjon. Il reconnut bientôt que c’était le dessous du balcon de pierre qui portait le double châssis vitré de la chambre de l’ourse, de telle sorte que, de ce balcon, on eût pu, à travers l’entassement des blocs, descendre sur les galets avec une échelle ou avec une corde, et se trouver à couvert aussitôt sous la voûte qu’ils formaient à cet endroit.

Christian, qui était romanesque, bâtit aussitôt la possibilité d’un système d’évasion en cas de guerre ou de captivité dans le donjon du Stollborg. Il gravit les galets qui formaient les irrégulières parois de la grotte, et parvint, non sans peine, à en sortir par cette ouverture, qu’il se convainquit n’avoir pas été faite de main d’homme. Cet examen l’amena à une réflexion que chacun de nous a eu, ne fût-ce qu’une fois en sa vie, l’occasion de faire : c’est que, dans les situations désespérées, il se présente par moment des