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« J’ai vu un château, un château carré au soleil couchant. Ses portes sont tournées au nord. Des gouttes de poison suintent à travers les soupiraux ; il est pavé de serpents.

» L’arbre du monde s’embrasse, le puissant frêne s’agite. Le grand serpent mord les vagues. L’aigle crie ; de son bec pâle, il déchire les cadavres ; le vaisseau des morts est mis à flot.

» Où sont les ases ? où sont les alfes ? Ils soupirent à l’entrée des cavernes. Le soleil commence à noircir : tout meurt.

» Mais la terre, admirablement verte, recommence à briller du côté de l’orient ; les eaux s’éveillent, les cascades se précipitent.

» J’ai vu un palais plus beau que le soleil sur le sommet du Gimli… et maintenant je ne vois plus, la Vala retombe dans la nuit. »

Peu à peu Christian avait reconnu dans ces fragments d’une sombre poésie des vers un peu arrangés ou pris au hasard de la mémoire dans l’antique poëme de la Voluspa. La prononciation rustique de la chanteuse rendait ceci fort extraordinaire. Les paysans de cette contrée avaient-ils gardé la tradition de ces chants sacrés de la mythologie Scandinave ? Ce n’était guère probable ; alors qui les avait traduits et enseignés à cette femme ? Christian, en