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L’imagination de Christian n’eut pas le loisir de trotter longtemps à la poursuite de cette énigme. Le jour marchait vite. À une heure et demie après midi, les ombres transparentes des cimes neigeuses s’allongeaient déjà sur la surface bleuie du lac. C’était un beau spectacle, et que Christian eût aimé à contempler sans préoccupation. Ces courtes journées du Nord ont des aspects infiniment pittoresques, et même, en plein jour, les choses y sont à l’effet, comme disent les peintres, c’est-à-dire qu’en raison de l’obliquité des rayons solaires, elles baignent dans la lumière et dans l’ombre, comme chez nous aux heures du matin et du soir. C’est là probablement le secret de cette beauté de la lumière dont les voyageurs dans les climats septentrionaux parlent avec enthousiasme. Ce ne sont pas seulement les sites extraordinaires, les cascades impétueuses, les lacs immenses et les splendeurs des aurores boréales qui leur laissent de si enivrants souvenirs de la Suède et de la Norvège ; c’est, disent-ils, cette clarté délicieuse où les moindres objets prennent un éclat et un charme dont rien ailleurs ne saurait donner l’idée.

Mais notre héros, tout en se rendant compte de la beauté du ciel, remarquait la décroissance du jour, et voyait de loin les apprêts de la fête dont il