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même ; puis, avant de se mettre en devoir d’emporter le service de table ou de le faire emporter par le délinquant, il arrêta le balancier de la pendule et replaça l’aiguille sur quatre heures, telle que Christian l’avait trouvée, lorsque, d’une main profane, il s’était permis de la faire marcher. M. Stenson se retourna ensuite comme pour compter les bougies du lustre ; mais, le soleil lui venant dans les yeux, il se dirigea vers la fenêtre pour la fermer préalablement.

En ce moment, Christian, qui allait être surpris, se montra. À son apparition nimbée par les rayons du couchant, Stenson, qui n’était peut-être pas le moins superstitieux de la famille, recula jusqu’au-dessous du lustre, et une telle angoisse se peignit sur ses traits, que Christian, oubliant sa surdité, lui adressa la parole avec douceur et déférence pour le rassurer ; mais sa voix se perdit sans écho dans la salle ouverte et refroidie. Stenson ne vit que le mouvement de ses lèvres, sa belle figure et son air bienveillant. Il tomba sur ses genoux en lui tendant les bras comme pour l’implorer ou le bénir, et en lui présentant avec un tremblement convulsif sa branche de cyprès comme une palme offerte en hommage à quelque divinité.

— Voyons, mon brave homme, lui dit Christian