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vous dis adieu, car votre oncle va revenir ; il ne me connaît pas, et il est fort inutile de lui dire que je suis venue. Vous lui direz, au reste, ce que vous voudrez ; je suis bien certaine qu’il ne travaillera pas contre moi, et qu’il est aussi honnête homme et aussi généreux que vous-même.

— Mais cependant…, dit Christian, qui voyait à regret la fin du roman se précipiter, vous veniez lui dire quelque chose ; il faudrait peut-être qu’il le sût…

— Je venais, dit Marguerite avec un peu d’hésitation, lui demander de me dire au juste les projets de ma tante sur moi en cas de révolte ouverte de ma part… Mais c’était encore une lâcheté, cela. Je n’ai pas besoin de le savoir. Qu’elle me bannisse, qu’elle m’isole, qu’elle m’enferme, qu’elle me batte, qu’importe ? Je ne faiblirai pas, je vous le promets, je vous le jure… Je n’épouserai jamais qu’un homme que je pourrai… estimer.

Marguerite n’avait pas osé dire aimer. Christian n’osa pas non plus prononcer ce mot ; mais leurs yeux se l’étaient dit, et leurs joues s’animèrent simultanément d’une rougeur sympathique. Ce fut, après cette heure d’entretien confidentiel, l’unique et rapide épanchement de leurs âmes, et encore n’en eurent-ils conscience ni l’un ni l’autre, Margue-