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fant, pensa-t-il ; mais voilà que, malgré nous, le sentiment s’en mêle, et plus il se fait honnête et délicat, plus je me fais coupable…

À son tour, il devint triste, et Marguerite s’en aperçut.

— Allons, lui dit-elle avec un sourire de radieuse bonté, ne gâtons pas par des scrupules ce joli chapitre de roman qui va finir sans nous laisser moins bien intentionnés tous les deux. Vous n’avez pas abusé de ma confiance pour vous moquer réellement de moi, puisque vous m’avez, au contraire, aidée à compter sur moi-même pour conjurer la mauvaise destinée ; et, loin de me sentir blessée et ridicule, je me trouve plus affermie sur mes pauvres pieds que je ne l’étais hier à pareille heure.

— Cela est certain, n’est-ce pas ? dit Christian avec vivacité, et le ciel m’est témoin…

— Achevez, dit Marguerite.

— Eh bien, dit Christian avec chaleur, le ciel m’est témoin que, dans tout ceci, je n’ai pas eu de préoccupation personnelle, et que la pensée de votre véritable bonheur a été ma seule pensée.

— Je le sais bien, Christian, s’écria Marguerite en se levant et en lui tendant les deux mains ; je sais bien que vous n’avez vu en moi qu’une pauvre sœur devant Dieu… Je vous en remercie, et, à présent, je