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nir le bonheur de vous protéger ; mais je ne suis rien, et, par conséquent, je ne peux rien.

— Je ne vous en sais pas moins de gré, reprit Marguerite. Je me figure que vous êtes un frère que je ne connaissais pas, que Dieu m’a envoyé pour un moment, à l’heure de ma détresse. Prenez ainsi notre courte réunion, et disons-nous adieu sans désespérer de l’avenir.

La candeur de Marguerite fit entrer un remords dans l’âme de Christian. D’un moment à l’autre, M. Goefle pouvait revenir, et il était impossible que la jeune comtesse, qui avait si bien remarqué la similitude d’accent du faux oncle et du faux neveu, ne fût pas frappée, en les voyant ensemble, de l’absence complète de ressemblance. D’ailleurs, M. Goefle ne se prêterait certainement pas à soutenir une pareille supercherie, et il en coûtait à Christian de penser que Marguerite conserverait de lui un mauvais souvenir. Il se confessa donc de lui-même, et avoua que, ne la connaissant pas, il s’était permis la mauvaise plaisanterie de prendre la pelisse et le bonnet du docteur pour jouer son rôle, ajoutant qu’il s’en était vivement repenti en voyant de quelle âme angélique il avait voulu se divertir. Marguerite fut un peu fâchée. Elle avait eu un instant la révélation de la vérité, en entendant Christian lui adresser la pa-