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dans le délire, et que son attaque de nerfs commençait déjà quand il m’a dit ces grossières paroles ; c’est aussi l’opinion de mes compagnes ; mais que sais-je de ce qu’il me dira aujourd’hui, quand je le reverrai ? Qu’il soit méchant ou fou, s’il m’outrage encore, qui prendra ma défense ? Vous ne serez plus là, et personne n’osera…

— Comment ! personne n’osera ? Quels sont donc ces hommes dont vous êtes entourée ? Et ces braves jeunes gens que j’ai vus hier ?…

— Oui, certes, je les crois tels ; mais ils ne me connaissent pas, monsieur Goefle, et peut-être croiront-ils que je mérite les outrages du baron. C’est une assez triste recommandation pour moi que d’être produite dans le monde par ma tante, qui, bien à tort certainement, a la réputation de tout sacrifier à des questions d’intérêt politique.

— Pauvre Marguerite ! dit Christian frappé de la pénible situation de cette aimable fille.

Comme il était ému sincèrement et n’avait aucune idée de familiarité offensante, Marguerite n’entendit aucune malice à lui laisser prendre sa main, que du reste, il quitta aussitôt en revenant au sentiment de la réalité des circonstances.

— Voyons, dit-il, il faut pourtant que vous preniez une résolution ?