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— Ah ! vraiment ! dit-elle avec un peu d’effroi, c’est donc là sa boîte à malice ? Peut-être demeure-t-il avec vous dans cette chambre ?

— Non, tranquillisez-vous, vous ne le verrez pas. Il est sorti, et il a prié M. Goefle de lui permettre de déposer ici son bagage.

— Pauvre garçon ! reprit Marguerite pensive, il est aussi laid que cela ! Croyez donc à ce qu’on dit ! Il y a des gens qui l’ont vu beau. Et il est vieux peut-être ?

— Quelque chose comme quarante-cinq ans ; mais à quoi songez-vous, et pourquoi êtes-vous triste ?

— Je ne sais pas, je suis triste.

— Puisque vous restez au château et que vous verrez ce soir les marionnettes !

— Ah ! tenez, monsieur Goefle, vous me traitez bien trop comme un enfant. Hier, il est vrai, au bal, j’étais gaie, je m’amusais, j’étais heureuse, je me croyais à jamais délivrée du baron ; mais, aujourd’hui, ma tante a repris ses espérances, je le vois bien, et il faut que je reparaisse devant un homme que je hais franchement désormais. Ne m’a-t-il pas insultée lâchement hier ? Ma tante a beau dire qu’il a voulu plaisanter, on ne plaisante pas avec une fille de mon âge comme avec un enfant. Pour consoler un peu mon orgueil blessé, je me dis qu’il a plutôt parlé