Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/71

Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvais l’envelopper dans mes disgrâces, je lui ai promis de disparaître, et vous me trouvez en train de faire mes paquets.

— Oh ! alors continuez, que je ne vous retarde pas !

— Vous êtes donc bien pressée de ne plus jamais entendre parler de moi ? Mais prenez que c’est un fait accompli, que je suis déjà embarqué au moins pour l’Amérique, fuyant à pleines voiles mon redoutable ennemi, et versant quelques pleurs au souvenir de cette première contredanse qui sera en même temps la dernière de ma vie…

— Avec moi, mais non pas avec d’autres ?

— Qui sait ? Le moi qui vous parle en ce moment n’est qu’une ombre, un fantôme, le souvenir de ce qui fut hier. L’autre moi est le jouet des vagues et du destin ; je m’en soucie comme d’un habitant de la lune.

— Mon Dieu, que vous êtes gai, monsieur Goefle ! Savez-vous que je ne le suis pas du tout, moi ?

— Au fait, dit Christian, frappé de l’air triste de Marguerite, je suis un misérable de consentir à parler de moi-même, quand je devrais ne m’inquiéter que des suites de l’événement d’hier au soir ! Mais daignerez-vous me répondre encore, si je me permets de vous interroger ?