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Puffo sortit, et Christian se mettait en devoir, non sans soupirer un peu, de fermer sa boîte de minéraux pour ouvrir celle des burattini, lorsque les grelots d’un équipage le firent regarder à la fenêtre. Ce n’était pas le docteur en droit qui revenait sitôt ; c’était le joli traîneau azur et argent qui, la veille au soir, avait amené Marguerite au Stollborg.

Faut-il avouer que Christian avait oublié la promesse faite par cette aimable fille à l’apocryphe M. Goefle, de revenir le lendemain dans la journée ? La vérité est que Christian, en raison des événements survenus au bal, n’avait plus compté sur la possibilité de cette visite, et qu’il n’en avait nullement averti le véritable Goefle. Peut-être regardait-il l’aventure comme inévitablement terminée, peut-être même désirait-il qu’elle le fût, car où pouvait-elle le conduire, à moins qu’il ne fût homme à abuser de l’inexpérience d’un enfant, sauf à emporter son mépris et ses malédictions ?

Pourtant le traîneau approchait ; il montait le talus, et Christian apercevait la jolie tête, encapuchonnée d’hermine, de la jeune comtesse. Que faire ? Christian aurait-il le courage de lui fermer la porte au nez, ou de lui faire dire par Puffo que le docteur en droit était absent ? Bah ! Ulf ne manquerait pas de le lui apprendre ; il n’était pas besoin de s’en mêler.