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annonçant qu’à huit heures précises du soir, on comptait sur la pièce de marionnettes. M. le majordome avait ajouté :

— Tu diras à ton patron Christian que M. le baron désire beaucoup de gaieté, et qu’il le prie d’avoir infiniment d’esprit !

— C’est cela ! dit Christian. De l’esprit, par ordre de M. le baron ! Eh bien, qu’il prenne garde que je n’en aie trop ! Mais dis-moi, Puffo, n’as-tu pas ouï dire que le baron était malade ?

— Oui, il l’était cette nuit, à ce qu’il paraît, répondit le bateleur ; mais il n’y pense plus. Il se sera peut-être grisé, quoique ses laquais disent qu’il ne boive pas ; mais croyez ça, qu’un homme si riche se prive l’estomac de ce qu’il a dans sa cave !

— Et toi, Puffo, je gage que tu ne t’es pas privé de ce qui est tombé sous ta main ?

— Ma foi, dit Puffo, grâce au laquais qui a son amoureuse à la ferme et qui m’a invité à sa table, j’ai bu d’assez bonne eau-de-vie ; c’est de l’eau-de-vie de grain, un peu rude, mais ça réchauffe ; aussi ai-je bien dormi après…

— Je suis charmé de ton aubaine, maître Puffo, mais il faudrait songer à notre ouvrage ; va d’abord voir si Jean n’a ni faim ni soif, et puis tu revient prendre mes instructions. Dépêche-toi !