non sans remords, mais sans hésitation, en répondant de la tête et des épaules qu’il n’y avait rien de nouveau. Il avait de fortes raisons d’espérer que Stenson, ne sortant pas de sa chambre à cause du froid, ne s’apercevrait de rien, et il avait senti certains écus sonner, à son intention, dans la poche de M. Goefle sans que la voûte du Stollborg parût vouloir crouler d’indignation pour si peu. Sans être un homme avide, Ulf ne détestait pas les profits, et peut-être commençait-il à se réconcilier un peu avec le donjon.
Quand il eut fait ce mensonge et servi le second repas de son oncle, il allait se retirer, lorsque celui-ci lui demanda une certaine Bible qu’il consultait rarement et qui était rangée sur un rayon particulier de sa bibliothèque. Stenson la fit placer devant lui sur la table, et fit signe à Ulf de se retirer ; mais celui-ci, curieux des intentions de son oncle, rouvrit la porte un instant après, bien certain de n’être pas entendu, et, debout derrière le fauteuil du vieillard, il le vit passer, comme au hasard, un couteau entre les feuillets du gros livre, l’ouvrir et regarder attentivement le verset sur lequel la pointe du couteau s’était arrêtée. Il répéta trois fois cette épreuve, sorte de pratique à la fois dévote et cabalistique usitée même chez les catholiques du Nord, pour de-