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grêle de la girouette sur les allées, il les quittait et rentrait chez lui avec précipitation, comme si cette ombre néfaste lui eût apporté l’horreur et la souffrance. Dans tout cela, les esprits forts du château neuf, majordome et valets de nouvelle roche, ne voyaient que les précautions excessives, poussées jusqu’à la manie, d’un vieillard frileux et maladif ; mais Ulphilas et compagnie y voyaient la preuve irrécusable de l’installation d’esprits malfaisants et de spectres effroyables dans le lugubre Stollborg. Jamais, depuis vingt ans, disait-on, Stenson n’avait traversé le préau et franchi la porte de l’ouest. Quand une affaire avait nécessité sa présence au château neuf, il s’y était rendu par son petit verger, au bas duquel était amarrée, en été, sa barque particulière.

Bien que la présence du baron au château neuf, qui avait lieu lorsqu’il n’assistait pas au stendœrne (diète des États), dont il était membre, ne changeât rien à l’existence de Stenson, Ulphilas remarquait depuis quelques jours une singulière agitation chez son oncle. Il faisait des questions sur le donjon comme s’il se fût intéressé à la conservation de ce maudit géant. Il voulut savoir si Ulf y entrait de temps en temps pour donner de l’air à la chambre de l’ourse, à quelles heures, et s’il n’y avait rien remarqué d’extraordinaire. Ce jour-là, Ulf mentit,