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sur l’honneur que je n’en sais rien du tout, et vous pouvez m’en croire ; car, si j’avais, dans mes rapports avec lui, acquis la plus légère preuve des choses dont on l’accuse, ces relations n’existeraient plus. Je me soucierais fort peu d’une clientèle lucrative, et je n’épargnerais pas à mon client des vérités dures, qu’elles fussent utiles ou non. Cependant certains bruits sont si accrédités, et les malheurs arrivés à ceux qui ont voulu tenir tête au baron sont si nombreux, que je me suis parfois demandé s’il n’avait pas ce mauvais œil qu’en Italie vous appelez, je crois, gettatura ; tant il y a que, pour ne pas attirer sans nécessité sur moi le mauvais sort, vous permettrez que je fasse passer mon neveu pour absent depuis ce matin, c’est-à-dire reparti pour de lointains voyages.

— Du moment que je vous envelopperais dans quelque risque à courir, comptez sur ma prudence. Je ne sortirai pas d’ici sans être masqué ou déguisé de façon à ce que personne ne reconnaisse en moi le galant et trop chevaleresque danseur de cette nuit.

Sur cette conclusion, M. Goefle et Christian Waldo se donnèrent une poignée de main. Nils, dont les fonctions s’étaient bornées à déjeuner pendant leur entretien, fut empaqueté de fourrures par son maître, qui eut à le placer sur le siège de son traîneau et à