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vocat en fut désarmé. Son rire désarma également ses deux acolytes, qui se mirent à rire aussi de confiance et retournèrent à leurs fonctions, tandis que Christian racontait à M. Goefle, en peu de mots, ce que la comtesse Elveda appelait son algarade, et ce qu’il croyait de nature à le disculper entièrement. M. Goefle, tout pressé qu’il était de partir, l’écouta avec attention, et, quand il eut fini :

— Certes, mon cher enfant, lui dit-il, vous n’avez rien fait là qui déshonore le nom de Goefle, et, bien au contraire, vous avez agi en galant homme ; mais vous ne m’en avez pas moins jeté dans un cruel embarras. Que le baron Olaüs se rende compte ou non, à l’heure qu’il est, de l’accès de fureur épileptique que vous lui avez procuré, je doute qu’il oublie que vous l’avez offensé. On vous l’a dit, c’est un homme qui n’oublie rien, et vous ferez bien de déguerpir au plus vite en tant que Goefle, puisque Goefle il y a. Ne sortez point de cette chambre sans vous masquer, redevenez Christian Waldo, et vous n’avez rien à craindre.

— Mais que pourrais-je donc craindre du baron, s’il vous plaît, quand même j’irais à lui à visage découvert ? Est-ce, en effet, un homme capable de me faire assassiner ?

— Cela, je n’en sais rien, Christian ; je vous jure