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château. Une chose très-bizarre encore, c’est que ledit M. Sten, ainsi que son estimable neveu ici présent, ne laissent qu’avec répugnance habiter cette masure, tant ils sont persuadés qu’elle est hantée par des esprits chagrins et malfaisants…

La figure de M. Goefle devint tout à coup sérieuse d’enjouée qu’elle était, comme si, habitué à rire de ces choses, il commençait à se le reprocher, et il demanda d’un ton brusque à Christian s’il croyait aux apparitions.

— Oui, aux hallucinations, répondit Christian sans hésiter.

— Ah ! vous en avez eu quelquefois ?

— Quelquefois, dans la fièvre ou sous l’empire d’une forte préoccupation. Elles étaient alors moins complètes que dans la fièvre, et je me rendais compte de l’illusion ; cependant ces visions étaient assez frappantes pour me troubler beaucoup.

— C’est cela, c’est justement cela, s’écria M. Goefle. Eh bien, figurez-vous… Mais je vous conterai cela ce soir ; je n’ai pas le temps. Je sors, mon cher ami, je me rends chez le baron ; peut-être me retiendra-t-il pour le dîner, qui se sert à deux heures. En tout cas, je reviendrai le plus tôt possible. Ah ! écoutez, rendez-moi un service en mon absence.