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Ici, M. Goefle fit une assez longue pause, et Christian le crut endormi ; mais il se ranima pour lui dire tout à coup :

— Répondez, Christian : si vous étiez riche, que feriez-vous de votre argent ?

— Moi ? dit le jeune homme étonné. Je tâcherais d’associer le plus de gens possible à mon bonheur.

— Tu serais donc heureux ?

— Oui, je partirais pour faire le tour du monde.

— Et après ?

— Après… ? Je n’en sais rien… J’écrirais mes voyages.

— Et après ?

— Je me marierais pour avoir des enfants… J’adore les enfants !

— Et tu quitterais la Suède ?

— Qui sait ? Je n’ai de liens nulle part. Le diable m’emporte si… Ne croyez pas que j’exagère, je ne suis pas gris, mais je me sens pour vous, monsieur Goefle, une affection prononcée, et je veux être pendu si le plaisir de vivre près de vous n’entrerait pas pour beaucoup dans ma résolution !… Mais de quoi parlons-nous là ? Je n’ai pas le goût des châteaux en Espagne, et je n’ai jamais rêvé la fortune… Dans deux jours, j’irai je ne sais où et n’en reviendrai peut-être jamais !