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en se grattant le menton comme il avait coutume de faire quand il était intrigué.

Ce n’est pas si singulier, reprit Christian. J’ai vu cette légère difformité chez d’autres personnes… Tenez, je l’ai remarquée chez le baron de Waldemora. Elle est même beaucoup plus sensible que chez moi.

— Eh ! parbleu ! précisément ; c’est à quoi je songeais. Il a les deux petits doigts complètement fermés. Vous avez remarqué cela aussi, messieurs ?

— Très-souvent, dit Larrson, et, devant Christian Waldo, qui donne aux malheureux presque tout ce qu’il gagne, on peut dire, sans crainte d’allusion, que ces doigts fermés sont réputés un signe d’avarice.

— Pourtant, dit M. Goefle, le baron ne ménage pas l’argent. On pourrait dire, je le sais bien, que sa magnificence est pour lui une raison de plus d’aimer la richesse à tout prix ; mais son père était très-désintéressé et son frère excessivement généreux. Donc, les doigts fermés ne prouvent rien.

— Retrouvait-on les mêmes particularités chez le père et le frère du baron ? demanda Christian.

— Oui, et très-marquée, à ce que l’on m’a dit. Un jour, en examinant avec attention les portraits de famille du baron, j’ai constaté avec surprise plusieurs