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remis en marche. Nous allions en sens contraire à ma très-grande satisfaction ; mais je n’avais pas marché un quart d’heure, que je me sentis pris de vertiges et forcé de m’arrêter, accablé de lassitude et de sommeil. Ne comprenant rien à une indisposition si subite, moi qui de ma vie n’avais rien éprouvé de semblable, et qui, partageant ma bouteille avec Guido, n’avais pas avalé la valeur d’un verre de vin, je pensai que c’était l’effet du soleil ou d’une assez mauvaise nuit passée à l’auberge. Je m’étendis à l’ombre pour faire un somme. Que ce fût ou non une imprudence dans un endroit absolument désert, il m’eût été impossible de faire autrement. J’étais vaincu par une sorte d’ivresse lourde et irrésistible.

» Quand je m’éveillai, encore fort malade, appesanti, et sans aucune idée dans la tête, je me trouvais au même endroit, mais complètement dévalisé. Le jour paraissait à l’horizon. Je crus d’abord que c’était le crépuscule du soir, et que j’avais dormi dix heures ; mais, en voyant le soleil monter dans la brume et la rosée briller sur les touffes d’herbe, il fallut bien reconnaître que mon sommeil avait duré un jour et une nuit. Mon âne avait disparu avec mon bagage, mes poches étaient vides ; on ne m’avait laissé que les habits qui me couvraient. Un objet