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la mort !… Il devait courir, comme cela, cette nuit avec les jeunes gens, et il eût certes gagné le prix : il a de si bons chevaux ! On annonce une chasse à l’ours pour demain. Ou le baron chassera et tuera son ours, ou le baron sera porté en terre avant que l’on ait songé à décommander la chasse. L’un est aussi possible que l’autre. Cela fait, pour tout le monde ici, une situation bien singulière n’est-ce pas ? Il semble que l’homme de neige prenne plaisir à voir combien il a peu d’amis, puisque l’on continue à se divertir chez lui comme si de rien n’était.

— Pourtant, Marguerite, vous admirez son courage, et il réussit à produire, même sur vous, l’effet qu’il désire.

— Mon cher confident, reprit Marguerite gaiement, sachez qu’à présent je n’ai presque plus d’aversion pour le baron. Il me devient indifférent, et je lui pardonne tout. Il épouse… mais c’est un secret que j’ai surpris et qu’il faut garder, entendez-vous ? Il ne m’épouse pas, et j’ai le bonheur de rester libre… et pauvre…

— Pauvre ! Je croyais que vous aviez au moins de l’aisance ?

— Eh bien, il n’en est rien. Je me suis querellée aujourd’hui avec ma tante, toujours à propos du ba-