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permettait de regarder sans affectation à travers les vitres, légèrement brillantées par la gelée. Christian ne s’attendait pas pourtant à voir Marguerite en voiture : elle devait être sur l’estrade de rochers avec les autres ; mais bien lui prit de regarder quand même. Marguerite, qui n’était ni déguisée ni masquée, qui se trouvait ou se disait un peu souffrante, était restée seule dans le traîneau et regardait par la portière. Le cocher s’était mis un peu à l’écart des autres, afin de pouvoir se tourner de profil, ce qui permettait à Marguerite de voir la course, et cette circonstance permettait également à Christian de regarder Marguerite et de se tenir tout près d’elle sans être vu des spectateurs, distraits d’ailleurs par le spectacle de la course.

Il n’eût pas osé lui adresser la parole, et même il affectait de se tenir là par hasard, lorsqu’elle baissa vivement la glace pour lui parler, et, comme il tenait toujours la coiffure du cheval, elle le prit pour un domestique.

— Dites-moi, mon ami, lui dit-elle à demi-voix, quoique sans affectation ; cet homme masqué de noir… comme vous, qui vient de passer là et qui court maintenant, c’est votre maître, n’est-ce pas, c’est Christian Waldo ?

— Non, mademoiselle, répondit Christian en fran-