Page:Sand - L Homme de neige vol 2.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

parole d’honneur de ne jamais avouer la gravité de son mal.

On a vu que, pour motiver ses fréquentes disparitions au milieu des fêtes qu’il donnait, le baron avait fait mettre en avant, une fois pour toutes, le prétexte de nombreuses et importantes affaires. Il y avait là un fonds de vérité ; le baron se livrait au minutieux détail des intrigues politiques, et en outre ses affaires particulières étaient encombrées de questions litigieuses, sans cesse soulevées par son humeur inquiète et ses prétentions despotiques. Cette fois, en dehors de tous ces motifs d’agitation, un trouble étrange, vague encore, mais plus funeste à sa santé que tous ceux dont il avait l’habitude, était entré dans son esprit. Des soupçons effacés, des craintes longtemps assoupies, s’étaient réveillés depuis le bal de la veille, et encore plus depuis la représentation des burattini. Il en était résulté un de ces états nerveux qui lui mettaient la bouche de travers, tandis qu’un de ses yeux se mettait à loucher considérablement. Comme il attachait une immense vanité à la beauté de sa figure flétrie, mais noble et régulière, et cela surtout dans un moment où il s’occupait de mariage, il se cachait avec soin dès qu’il se sentait ainsi contracté, et il se faisait soigner pour hâter la fin de la crise.