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— Avec la belle comtesse Marguerite !

Pas du tout ; c’est une petite sotte. J’épouse la grande Olga. J’aurai des enfants russes.

— De beaux enfants, à coup sûr.

— Oui, si ma femme a bon goût, car je ne crois pas un mot de vos flatteries, docteur ; ma femme me trompera. Qu’importe, pourvu que j’aie un héritier, pourvu que les cousins et arrière-cousins enragent ! Docteur, je tiens à vivre assez pour voir cela, entendez-vous ? Faites-y attention, je ne vous lèguerai pas un ducat ! Je vous comblerai pendant ma vie, pour que vous ayez intérêt à me conserver. J’agirai de même avec ma femme : chaque année de ma vie augmentera son luxe et ses parures. Après moi, si elle n’a pas fait d’économies, elle n’aura rien. Elle n’aura même pas la tutelle de son enfant ! Oh ! oui-da, je n’ai pas envie d’être empoisonné !

— Vous vous nourrissez d’idées sinistres, monsieur le baron. Mauvais régime.

— Quelle bêtise vous dites là, docteur ! C’est comme si vous disiez que j’ai tort d’avoir trop de bile dans le foie. Est-ce ma faute ?

— Ne sauriez-vous vous efforcer d’avoir des idées riantes ? Essayez ; pensez à cette comédie de marionnettes, qui était fort gaie.