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liance, luttait contre ce qu’elle appelait la faiblesse humaine, et s’exerçait à tuer les révoltes de son propre cœur, de son propre esprit et de tout son être, pour arriver à l’amère et dangereuse conquête d’un grand nom et d’une grande position sociale.

Quant au baron, il avait donné des ordres pour la course et pour la mascarade, comme s’il eût dû y prendre part. Puis, vaincu par la fatigue et la souffrance, il se retira dans sa chambre, tandis que ses hôtes se préparaient à suivre le programme de la fête et que ses chevaux, magnifiquement harnachés, piaffaient devant son escalier particulier, sous la main d’un cocher qui faisait mine d’attendre.

Le baron s’était enfermé avec son médecin, un jeune homme plus instruit qu’expérimenté, que depuis un an il avait attaché exclusivement au soin de sa personne.

— Docteur, lui disait-il en repoussant une potion que lui présentait le jeune homme timide et tremblant, vous me soignez mal ! Encore de l’opium, je parie ?

— M. le baron a besoin de calmants. Son irritation nerveuse est extrême.

— Pardieu ! je le sais bien ; mais calmez-moi sans m’abattre ; ôtez-moi ce tremblement convulsif et ne me retirez pas mes forces.