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elle hait les gens, elle le leur jette si franchement à la figure, que l’heureux mortel qui lui plaira pourra se fier à sa parole. Celle-là ne trompera jamais personne !

Olga ne put rien répliquer : le baron s’était tourné vers une autre voisine et parlait d’autre chose.

La jeune Russe eut un grand dépit et une grande inquiétude. Dès qu’on se leva de table, Marguerite s’approcha d’elle, non moins inquiète, mais pour un motif tout différent.

— Qu’est-ce donc que le baron vous a dit de moi ? lui demanda-t-elle en l’attirant dans un couloir. Il vous a parlé deux ou trois minutes en me regardant.

— Vous vous imaginez cela, répondit Olga sèchement ; le baron ne songe plus à vous.

— Ah ! je voudrais bien en être sûre. Dites-moi la vérité, ma chère.

— Votre inquiétude n’est pas très-modeste, Marguerite, permettez-moi de vous le dire. Vous pensez que, malgré vos rigueurs, on doit persister à vous adorer ?

— Eh bien, pourquoi pas ? dit Marguerite, résolue à piquer sa compagne pour lui arracher la vérité. Peut-être, justement à cause de ma rigueur, arriverai-je, malgré moi, à vous supplanter !