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lait à demi-voix, d’un air de nonchalance. Ses héritiers et ses complaisants se hâtaient de rire et se chargeaient de faire circuler ses mots. Ceux de ses hôtes qui s’en trouvaient scandalisés se reprochaient d’être venus chez lui, situation qui les empêchait de le contredire, sinon avec de grands ménagements. Ces ménagements empiraient nécessairement les accusations portées contre les absents. Le baron répétait son dire d’un air de bravade dédaigneuse, ses flatteurs le soutenaient avec âpreté. Les honnêtes gens soupiraient et rougissaient de la faiblesse qui les avait amenés dans cet antre ; mais le baron ne prolongeait aucune discussion. Il lançait un mot méchant contre les bienveillants et les timides ; puis il se levait et s’en allait sans qu’on sût s’il devait revenir. On restait contraint jusqu’à ce que son absence définitive fût constatée. Alors tout le monde respirait, même les méchants, qui n’étaient pas les moins anxieux en sa présence. Néanmoins le baron perdit cette fois une belle occasion de se venger et de faire souffrir. S’il eût été renseigné sur la double visite de Marguerite au Stollborg, il ne se fût pas fait faute de la divulguer avec amertume. Heureusement, la Providence avait protégé l’innocent secret de ces deux visites, et l’ennemi, qui en eût tiré des indices certains de la présence du faux Goefle au Stollborg, n’en