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teau, où, après l’avoir fouillé et désarmé, ils le laissèrent au soin du gardien de la grosse tour, une espèce de spadassin aventurier, bélître de profession, comme on disait alors, à qui l’on donnait dans le château le titre de capitaine, mais qui ne paraissait jamais dans les salons.

Johan l’avait suivi, et il assista d’un air bénin à la visite qui fut faite de ses poches et de toutes les pièces de son vêtement. S’étant assuré qu’il ne s’y trouvait aucun papier, il se retira en lui disant :

— Bonsoir, mon petit ami. Ne faites pas le méchant une autre fois !

Et il ajouta en lui-même :

— Il disait avoir les preuves d’un gros secret. Ou il a menti comme un imbécile, ou il s’est méfié en homme qui connaît les affaires, mais il ne s’est pas méfié assez. Tant pis pour lui ! Un peu de cachot fera arriver les aveux ou les preuves.

Cependant le baron, quoique très-souffrant, entra sans bruit dans la salle du festin, mangea un peu d’un air de bon appétit, et fut aussi gai qu’il lui était possible de l’être, c’est-à-dire qu’il énonça en souriant d’un sourire glacial quelques propositions d’un athéisme effrayant, et lança quelques propos odieusement cruels sur le compte de quelques personnes absentes. Quand il calomniait, l’aimable homme par-