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ses associés. Qu’importe qu’il eût ce travers, qu’il voulût être M. le comte et réclamer les droits féodaux de sa seigneurie, qu’il se louât lui-même à tout propos, en s’attribuant le mérite de travaux qu’il n’avait fait souvent que consulter ? C’était son goût. Ce n’était pas celui de ses généreux et spirituels confrères. Ils souriaient, le laissaient dire, et travaillaient de plus belle, sentant bien qu’il ne s’agissait pas d’eux-mêmes dans des questions qui ont pour but l’avancement du genre humain. Ils étaient ainsi plus heureux que lui, heureux comme l’entendait Comus, comme j’aspirais à l’être. Leur part me semblait la meilleure, j’avais soif de marcher sur leurs traces. J’offris donc mes services, après avoir profité, autant que possible, de leurs leçons publiques et de leurs entretiens particuliers. Mon zèle ardent et mon aptitude pour les langues parurent à M. Daubenton des conditions de succès à encourager. Ma pauvreté était le seul obstacle.

» — La science devient riche, me disait-il avec orgueil en contemplant l’accroissement du cabinet et du jardin ; mais les savants sont un peu trop pauvres quand il s’agit de voyager. Pour eux, la vie est rude sous tous les rapports, soyez bien préparé à cela.

» J’y étais tout préparé. J’avais réussi à économiser une petite somme, qui, dans mes prévisions,