prenais que j’en sais plus long que vous ne pensez ?
— J’en serais charmé pour vous, monseigneur, répondit l’Italien avec audace.
— La personne n’est pas morte ; elle est ici ou du moins elle y était hier ; je l’ai vue, je l’ai reconnue.
— Reconnue ? dit Massarelli avec surprise.
— Oui, reconnue, je m’entends : cette personne se donnait le nom de Goefle, avec ou sans la permission d’un homme honorable qui s’appelle ainsi. Parlez donc ; vous voyez que je suis sur la voie et qu’il est puéril de vouloir porter mes soupçons sur le bateleur Waldo.
L’Italien étonné resta court. Arrivé le matin même, il ne savait rien des incidents de la veille ; il avait rencontré M. Goefle sans le connaître ; il ne parlait pas le suédois, le dalécarlien encore moins ; il n’avait pu lier conversation qu’avec le majordome, qui parlait un peu français et qui était fort méfiant. Il ignorait donc absolument l’histoire de Christian au bal et ne savait réellement pas de qui le baron lui parlait. En le voyant surpris et démonté, le baron se confirma dans sa pensée qu’il l’avait confondu par sa pénétration.
— Allons, dit-il, exécutez-vous et finissons-en. Dites tout, et comptez sur une récompense proportionnée au service que vous pouvez me rendre.