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M. le baron. C’est une délicatesse de ma part de chercher toujours à représenter un site de la localité où j’exerce mon industrie passagère. À ma prochaine étape, ce Stollborg sera changé et le décor représentera autre chose. Est-ce que M. le baron a trouvé ma toile de fond mauvaise ? Que voulez-vous ! j’ai eu si peu de temps !

En parlant ainsi, Christian s’amusait à observer la désagréable figure de Johan. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, assez gros, d’un type vulgaire et d’une physionomie bienveillante et apathique au premier abord ; mais, dès la veille, Christian, en lui remettant la lettre d’invitation trouvée dans la poche de M. Goefle, avait surpris dans son coup d’œil oblique une activité inquisitoriale dissimulée par une nonchalance d’emprunt. Maintenant, il était encore plus frappé de ces indices d’un caractère affecté, qui semblait être une copie chargée de celui du baron, son maître. Néanmoins, comme, au bout du compte, Johan n’était qu’un premier laquais sans éducation et sans art véritable, Christian n’eut pas la moindre peine à jouer la comédie infiniment mieux que lui ; et à le laisser persuadé de l’innocence de ses intentions. En même temps, Christian acquérait une quasi-certitude à propos de l’histoire de la baronne Hilda. Il devenait évident pour lui qu’un drame