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étude spéciale où je ne sentais pas devoir lui être utile. Il allait à Londres pour faire confectionner sous ses yeux des instruments de précision qu’il n’avait pu faire établir en France d’une manière satisfaisante. L’idée de passer un ou deux ans à Londres ne me souriait pas. J’étais las du séjour d’une grande ville. J’éprouvais un besoin violent de liberté, de locomotion, et surtout d’initiative. Bien que j’eusse à me louer de ceux qui m’avaient employé jusqu’à ce jour, je me sentais si peu fait pour la dépendance, que j’en étais réellement malade.

» Comus me mit en rapport avec plusieurs personnes illustres, avec MM. de Lacépède, Buffon, Daubenton, Bernard de Jussieu. Je prenais un vif intérêt aux rapides et magnifiques progrès du jardin des Plantes et du cabinet zoologique, dirigés et enrichis chaque jour par ces nobles savants. Je voyais arriver là à tout instant les dons magnifiques des riches particuliers et les précieuses conquêtes des voyageurs. Il me prit une irrésistible ambition de grossir le nombre de ces serviteurs de la science, humbles adeptes qui se contentaient d’être les bienfaiteurs de l’humanité sans demander ni gloire ni profit. Je voyais bien le grand homme à manchettes, M. de Buffon, profiter largement, pour le compte de sa vanité, des travaux patients et modestes de