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que beaucoup de personnes assimilaient à la magie.

» Nous vivons dans un temps de lumières où, par un singulier contraste, le besoin du merveilleux, si puissant et si déréglé dans le passé, lutte encore, dans beaucoup d’esprits, contre l’austérité de la raison. Vous en savez quelque chose ici, où votre illustre et savant Swedenborg est consulté comme un sorcier encore plus que comme un voyant, et se laisse aller lui-même à se croire en possession des secrets de l’autre vie. Comus est un homme, je ne dirai pas plus convaincu et plus vertueux que Swedenborg, dont je sais qu’il ne faut parler qu’avec respect, mais plus sage et plus sérieux. Il ne croit pas agir en vertu d’autres lois que celles que le génie humain peut découvrir, et ses secrets sont généreusement livrés par lui aux savants et aux voyageurs qui doivent en tirer parti dans l’intérêt de la science.

» Il me reçut avec bonté, et m’offrit de m’emmener en Angleterre pour l’aider dans ses expériences. Je fus bien tenté d’accepter ; mais mon rêve me poussait à la minéralogie, à la botanique et à la zoologie, en même temps qu’à l’étude des mœurs et des sociétés. L’Angleterre me paraissait trop explorée pour m’offrir un champ d’observations nouvelles. Et puis Comus était alors absorbé par une