maintenant, et, puisque vous avez renié votre généreux sang, puisque je ne peux reparaître à vos côtés sous le nom de Christian Goefle, il faut que j’aille manger n’importe quoi et étudier un peu de minéralogie jusqu’à ce que le sommeil me prenne.
— Au fait, mon pauvre enfant, vous devez être fatigué !
— Je l’étais un peu avant de commencer la pièce ; à présent, je suis comme vous, je suis excité, monsieur Goefle. En fait d’improvisation, on est toujours très-monté quand le moment vient de finir, et c’est quand la toile baisse sur un dénoûment qu’il faudrait pouvoir commencer. C’est alors qu’on aurait du feu, de l’âme et de l’esprit !
— C’est vrai ; aussi ne vous quitterai-je pas : vous vous ennuieriez seul. Je connais cette émotion, c’est comme lorsqu’on vient de plaider ; mais ceci est plus excitant encore, et à présent je voudrais faire je ne sais quoi, réciter une tragédie, composer un poëme, mettre le feu à la maison ou me griser, pour en finir avec ce besoin de faire quelque chose d’extraordinaire.
— Prenez-y garde, monsieur Goefle, dit Christian en riant, cela pourrait bien vous arriver !
— À moi ? Jamais ! jamais ! Hélas ! je suis d’une sobriété stupide.